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L'adaptation :


Le texte  de Tarik Noui mêle avec subtilité les versions de 1886 et 1887. La première version du Horla est un récit-cadre, dans lequel le narrateur présente « son cas » à des médecins et la seconde version prend la forme d’un journal intime inachevé qui laisse craindre que son propriétaire n’ait sombré dans la folie ou ne se soit suicidé.

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Note de l'auteur :

Ce travail s'est fait aussi avec un impératif, celui de "gommer" toutes les références à une époque afin de donner au texte une forme d'intemporalité qui révèlerait cette inquiétude qui traverse les siècles : Celle de la présence d'un autre. En travaillant sur le Horla, m'est venue cette phrase d'Artaud : " La société se croit seule mais il y a quelqu'un."

 

Le personnage:

Comment se positionner face à l'étrange, face à l'inexplicable sur fond d'insomnie ? La fuite ...L'épouvante ... La rationalisation ... La négation ...
Le personnage de Nuits blanches sur un fleuve  est enclin à l'autodérision et à la fantaisie, sans doute artiste, peut-être écrivain ou bien rien de tout cela … il est un M. Tout le monde préférant dédramatiser ses réactions et ses réflexions quand il le peut... quand il le peut encore. Car la peur de devenir fou l'envahit peu à peu.
Cette peur de la démence est supérieure à celle créée par les manifestations fantastiques dont il est témoin. Il note méticuleusement les faits dans son journal avec le sérieux d'un scientifique pour ne pas se perdre, et par souci de retransmettre avec exactitude à son auditoire, ses domestiques et le public, ce qui lui arrive. Le rapport au public ancré dans l'adaptation de Tarik Noui permet d'impliquer le spectateur et de faire en sorte qu'il se pose les mêmes questions que le personnage. Christophe Martinet campe un personnage multiple. Accessible, chaleureux, s’échappant de la folie par l'humour, mais aussi possédé, luttant contre-lui même ou contre cet autre qui lui fait perdre raison au fil de ses insomnies.


 

Vidéo

Contrairement au huis-clos qui se déroule sur scène, les images projetées sont situées en extérieur, dans une forêt. Elles figurent la psyché perturbée du personnage, l’univers cauchemardesque de son sommeil.

Plusieurs allers-retours se font entre la scène et la vidéo , à l’image des bocaux par exemple. Sur scène, ils ont la propreté clinique du récit rationnel fait par le narrateur. En effet, ils servent aux expériences menées pour confondre le Horla. Mais dans la vidéo, ils sont emplis de lait débordant, de fraises trop mûres que le narrateur écrase sur son visage ou de biscuits entassés dont il s’empiffre : Il n’est plus dans le contrôle mais dominé par des pulsions dérangeantes et inquiétantes.

Les images sont projetées sur un tulle gobelin placé en avant-scène. La transparence créée permet de fusionner les deux dimensions et d’en jouer. L’effet obtenu permet de surimprimer la folie sur le réel et ainsi de maintenir l’ambigüité sur l’état mental du personnage.

Musique

Elle contribue à l’approche cinématographique du projet. Omniprésente, enveloppante et lancinante, elle hâppe le spectateur dans un univers sensoriel qui figure l’enfermement psychique et l’absence de lucidité du narrateur.  

Scénographie : Nuits blanches sur un fleuve est une reconstitution, dans laquelle le personnage déambule dans sa maison. Il raconte, et parfois revit les derniers mois singuliers de son existence. De ces mois de lutte, il ne reste qu'un porte-manteau, un fauteuil et un lit dépouillé de son matelas. Ces éléments évoluent tout au long de la pièce en se détournant de leur fonction première pour devenir des métaphores fantastiques. Le lit-cage devient la prison de ses nuits,  et le fauteuil, un terrier autour duquel le personnage tourne et finit par se réfugier.

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